Barcelona Street Art

8/13/2025

Interventions 3D dans la rue vs. collages et fresques traditionnels

 

Pourquoi Art Is Trash se distingue 

Dans l’univers vaste et coloré du street art, les styles et techniques sont multiples – allant des fresques murales monumentales aux délicats collages en papier. Pourtant, au milieu des créateurs qui laissent leur empreinte sur les murs de la ville, un artiste bouscule les codes : Art Is Trash. Connu hors de la rue sous le nom de Francisco de Pájaro, il transforme les objets abandonnés en œuvres éphémères, tridimensionnelles, qui redéfinissent ce que peut être l’art urbain.

Alors que la majorité des street artistes travaillent avec des supports bidimensionnels – peinture, aérosol, pochoir ou affiches collées (wheat-paste) – Art Is Trash construit en trois dimensions, transformant la rue elle-même en scène pour des installations sculpturales. Son approche ne consiste pas seulement à ajouter une image sur un mur, mais à remodeler l’espace physique avec humour, satire et une esthétique brute assumée.


Des interventions tridimensionnelles comme des sculptures

Plutôt que de simplement peindre un mur ou coller une affiche, Art Is Trash parcourt les rues à la recherche de matériaux abandonnés : vieilles chaises, meubles cassés, matelas usés, cartons, électroménagers hors d’usage. Ces objets – destinés à être jetés – deviennent la structure de ses créations.

Avec quelques coups de pinceau expressifs, des traits caricaturaux et une construction improvisée, il transforme ces rebuts en personnages grotesques et comiques, semblant surgir du décor urbain. L’effet est immersif : ses œuvres ne sont pas simplement sur la rue, elles occupent l’espace, projettent des ombres et invitent parfois à une interaction physique.


Les limites du collage et de la fresque peinte

De nombreux street artistes créent des œuvres remarquables à travers le collage ou la fresque murale, mais ces techniques restent généralement en deux dimensions. Les collages (paste-ups) – où des œuvres préfabriquées sont collées sur les murs – permettent une application rapide et répétée, mais l’interaction avec l’environnement reste visuelle. Les fresques peintes, qu’elles soient réalisées à main levée ou au pochoir, peuvent être monumentales et détaillées, mais elles restent liées à la planéité du mur.

Si ces œuvres peuvent durer des mois, voire des années, elles n’ont pas la même présence physique qu’une installation 3D. Les fresques et collages font partie de la surface ; les sculptures de Art Is Trash deviennent, elles, une partie intégrante – et temporaire – de l’architecture de la rue.


Message et impact – Humour et critique sociale

Les œuvres tridimensionnelles de Art Is Trash sont autant sur le fond que sur la forme. En utilisant les déchets de la société, il dénonce la culture du gaspillage, le consumérisme et la valeur que nous attribuons aux objets. Chaque pièce est à la fois une blague visuelle et une critique sociale : un tas de déchets devenu monstre souriant, une chaise cassée transformée en créature aux yeux globuleux.

Cette approche contraste avec les messages souvent véhiculés par les collages ou fresques, qui peuvent aborder la politique, les icônes culturelles ou l’esthétique pure. Ici, le médium est le message : le déchet est la preuve tangible de ce qu’il critique.


L’éphémère comme force

Le street art est souvent éphémère par nature, mais les installations de Art Is Trash le sont encore plus. Conçues à partir d’objets mobiles, elles peuvent disparaître en quelques heures – enlevées par les services municipaux, récupérées par des passants curieux ou détruites par la météo. Cette fugacité renforce leur impact : les découvrir est un privilège rare et unique.

À l’inverse, les collages et fresques restent visibles plus longtemps, permettant à un plus large public de les voir, mais aussi de les intégrer au décor quotidien. Les œuvres de Art Is Trash résistent à cette banalisation : elles attirent l’œil précisément parce qu’elles peuvent disparaître à tout moment.


Stratégie – Sculpture de guérilla vs. placement planifié

La plupart des artistes qui collent ou peignent planifient leurs œuvres à l’avance, parfois avec autorisation. Leur processus implique souvent croquis, préparation et repérage de murs adaptés.

Art Is Trash agit comme un sculpteur de guérilla. Son processus est dicté par ce qu’il trouve dans la rue – les matériaux, l’emplacement et même l’humeur du moment. Cette improvisation rend chaque pièce unique, dans sa conception comme dans son lien avec l’environnement.


Pourquoi son approche résonne

À une époque où la street art est de plus en plus intégré dans les galeries et institutions, les sculptures brutes, temporaires et issues des déchets de Art Is Trash préservent un esprit de rébellion et d’imprévisibilité. Ses œuvres semblent vivantes – parfois débordant sur les trottoirs, se penchant vers la rue ou dominant les passants.

Pour le spectateur occasionnel, tomber sur l’une de ses créations est une surprise inattendue. Pour ceux qui comprennent son message, c’est un rappel percutant que nos déchets en disent autant sur nous que l’art que nous choisissons de conserver.


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