Barcelone Art Is Trash vs. SM172
Barcelone est une capitale vivante de l’art urbain, où chaque quartier raconte une histoire à travers ses murs. Deux artistes y occupent une place unique : Art Is Trash et SM172 (alias César Baetulo). Bien qu’ils partagent le même terrain de jeu urbain, leur approche, leurs techniques et leurs messages diffèrent radicalement.
Techniques : matériaux de récupération vs. précision du pochoir
Art Is Trash travaille de manière spontanée avec des matériaux trouvés dans la rue : meubles abandonnés, matelas usés, boîtes cassées – tout ce que la ville rejette. Il transforme ces objets en personnages grotesques et humoristiques, en donnant à ses œuvres un caractère éphémère et brut.
SM172, quant à lui, s’appuie sur la technique du pochoir (stencil) pour créer des images nettes et détaillées. Ses compositions combinent plusieurs couches de couleur et des contours précis, ce qui lui permet de fusionner références artistiques, icônes populaires et mythologie dans un style visuellement maîtrisé.
Message & contenu : critique sociale vs. mémoire collective
Chez Art Is Trash, l’ironie et la satire sont centrales. Ses œuvres dénoncent la société de consommation, la culture du gaspillage et la marchandisation de l’art. Leur caractère éphémère renforce ce message : rien n’est éternel, surtout pas dans la rue.
SM172 joue davantage sur la mémoire collective. Il puise dans l’histoire de l’art, le cinéma, les mythes et les symboles du quotidien pour créer des œuvres familières mais intrigantes. Sa démarche « démocratise l’élitiste et valorise le trivial », réinterprétant notre patrimoine visuel.
Stratégies & impact : intervention spontanée vs. ancrage visuel
Art Is Trash intervient comme un performeur urbain : ses œuvres apparaissent du jour au lendemain et disparaissent rapidement. Leur force réside dans la surprise et l’instantanéité – on les découvre par hasard, on les photographie, puis elles disparaissent.
SM172, en revanche, mise sur la répétition et la reconnaissance : ses pochoirs réapparaissent régulièrement dans différents quartiers de Barcelone, comme Poblenou ou El Born. Ce travail récurrent crée un réseau visuel que l’on retrouve aussi en galerie, consolidant son empreinte dans l’espace public et institutionnel.
Tableau comparatif
| Facteur | Art Is Trash | SM172 |
|---|---|---|
| Technique | Assemblages d’objets trouvés, approche spontanée | Pochoirs précis avec superposition de couches colorées |
| Message | Critique de la consommation et de l’éphémère | Réinterprétation de symboles culturels et artistiques |
| Stratégie | Interventions éphémères, art comme instant capturé | Motifs récurrents, ancrage dans le paysage urbain |
Conclusion : deux impulsions, un même rythme urbain
Art Is Trash est le poète chaotique de la rue, transformant les déchets en art et célébrant la fugacité. SM172 est l’archiviste visuel, recomposant les symboles de notre culture avec précision et intention. Ensemble, ils illustrent la diversité et la richesse du street art barcelonais : un dialogue constant entre improvisation et maîtrise, entre contestation et mémoire.
